Tout simplement humains
Extrait de la Newsletter Handline du 22 août 2016
Affublés de tous les qualificatifs glorieux, les Experts sont tout simplement humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs failles et leurs fulgurances. Arrivés à Rio avec l’étiquette de favoris, les Handballeurs français ont finalement remporté une médaille d’argent qui prendra sûrement plus de relief à l’avenir. Déjà double championne olympique (2008 et 2012) et médaillée de bronze (1992), l’équipe de France a marqué un peu plus l’histoire de sa discipline et du sport français. Elle peut lorgner vers Tokyo et peut-être Paris en 2024 pour continuer à écrire sa formidable histoire.
« Un exploit d’avoir banalisé la médaille d’or »
Depuis la finale du Mondial 1993, l’équipe de France n’avait plus perdu une finale. Après ses deux médailles de bronze glanées lors des Mondiaux 2003 et 2005, toutes ses incursions dans le dernier carré s’étaient concrétisées par des titres.Alors forcément une défaite en finale, même olympique, apparaît comme hors norme dans le palmarès si épais du Handball tricolore. Une anomalie expliquée par Nikola Karabatic : « Les gens pouvaient penser que c’était facile. C’était peut-être un exploit de notre part d’avoir réussi à banaliser la médaille d’or. Dans un sport collectif c’est très difficile de rester au top. Nous avons perdu mais nous sommes encore au top. Et le demi-centre élu meilleur joueur du monde 2014 de confier : je suis un compétiteur et je suis très déçu. Mais on aurait tous signé pour une médaille d’argent avant la compétition. On va savourer cette médaille et la fêter comme il se doit. »Poussée dans les cordes par l’Allemagne en demi-finale alors qu’elle s’était offerte un matelas de 7 buts d’avance, l’équipe de France a surtout basculé en finale grâce au talent de l’indémodable Daniel Narcisse. Bousculée en demies et dominée en finale, l’équipe de France a certainement optimisé ses J.O. 2016. Claude Onesta apprécie à sa juste valeur ce titre de « vice-champion olympique » avec le souvenir de celui qui était dans les tribunes de Prague en 1990 lorsque les futurs bronzés attrapèrent le dernier billet pour Barcelone. « Cette médaille d’argent, personne ne va la jeter, chacun va la regarder avec du respect et du plaisir aussi. Au départ nous avions plus de doutes que cela et le résultat obtenu nous aurait satisfait avant la compétition. » Cette finale olympique perdue ne peut pas être assimilée à une contre-performance ou à une déroute, une analyse qui aurait prévalue en cas d’élimination précoce. La conjoncture des parcours des équipes françaises de sport-co ne peut pas constituer un paravent, elle démontre au moins l’extrême difficulté à grimper sur un podium olympique, mieux à s’y maintenir depuis 2008. Après l’Allemagne lors de l’Euro 2016 et le Danemark aux J.O. de Rio, l’équipe de France a vu ses couronnes changer de têtes, à chaque fois sous la férule des techniciens islandais qui se sont exportés pour triompher.
Mickaël Guigou : « à côté des autres, elle ressortira plus »
Excellent tout au long de ces J.O. 2016, Mickaël Guigou avait prévenu : « le Danemark, avec le meilleur joueur du monde, Mikkel Hansen, ce sera compliqué. » Une prédiction effective en 1e mi-temps de la finale où le génial danois (élu MVP) a mis en souffrance la défense française, avec la réussite qui accompagne les ambitieux. Ciblé en 2ème période, ses coéquipiers ont pris le relais pour mettre à terre des Tricolores obligés de renoncer à leur chorégraphie sur le podium de Rio. L’ailier gauche de Montpellier, qui a survolé la compétition, porte un regard lucide : « Je ressens de la fierté parce qu’on aurait pu s’écrouler bien plus tôt dans la compétition. Mais je pense que nous avions encore l’équipe pour dominer ce Danemark. Cette médaille est belle. Quand je la mettrai à côté des autres, elle ressortira plus. Voilà, il faut être fier. Les jeunes seront peut être plus déçus mais à eux de s’en servir pour rebondir. » Les jeunes ont apporté à des degrés divers. Adrien Dipanda a été sollicité en défense et en attaque tandis que Ludovic Fabregas est apparu comme un pilier de la défense. Les jeunes arrières gauches n’ont pas dynamité les défenses adverses ni apporté cette fameuse fraicheur qui a logiquement fini par faire défaut à Nikola Karabatic et à Daniel Narcisse sollicités à plein temps. Valentin Porte, tête de pont entre les fameux anciens et la relève, confiait ses songes, sans détours. « En finale, on n’a pas joué notre meilleur jeu, on a pas mal pioché face à une équipe du Danemark en réussite maximale. J’ai commis des erreurs que je n’avais pas faite jusque là et je me sens coupable. Tout le monde en a fait et on ne peut en vouloir à personne. Le Mondial 2017 arrivera très vite. C’est une grosse échéance où nous serons attendus : il faudra le gagner. »
Un Mondial 2017 à la maison
Dès janvier prochain, les Handballeurs pourront en effet satisfaire encore leur immense appétit lors du Championnat du monde organisé en France (du 11 au 29 janvier) pour une nouvelle conquête qui s’annonce Phénoménale. « À part sur blessure, il ne devrait pas y avoir beaucoup de changements afin de capitaliser sur le travail qui a été fait ici, imagine Claude Onesta. Tout ce que nous avons réussi à mettre en œuvre à Rio sera le socle de l’aventure du mois de janvier. D’évidence on ne sera pas sur un excès de confiance. Et dans un dernier sourire d’envoyer un message : cette équipe devra démontrer qu’il lui reste de l’énergie et de la qualité. Il lui faudra faire grandir ceux qui doivent encore grandir afin de partager les efforts pour avoir de la fraîcheur en fin de match. »